Taux de retour à la réalité

Perdu au milieu d’un casino, l’âme submergée de remous,

Je subis le cliquetis incessant des machines à sous.

Tandis qu’à mes côtés une quinqua caquette sous son goitre,

Et que les lumières hypnotiques me laissent de marbre,

Une question existentielle germe et commence à croître :

Au casino, n’est-ce pas plutôt la forêt qui cache l’arbre ?

Cela doit faire des années que je viens ici sans la moindre passion,

Venant davantage par habitude que par faiblesse face à la tentation.

Comptant sur l’affluence du lieu pour me fondre dans la masse,

Mes jours sont désormais comptés : mon foie fait la grimace.

J’avais une famille, des amis, un chien et des compagnons de route,

Je n’ai plus que le whisky, la télé et une entreprise en banqueroute.

Par chance, je ne suis pas la seule âme égarée ce soir au casino.

J’observe cet homme bedonnant et badinant avec une employée,

Le refuge de ce goret se trouve à coup sûr dans sa sexualité.

Je remarque également une femme fanée qui joue sans dire un mot,

Tentant vainement d’oublier le fait de ne jamais avoir eu de marmot.

Un couple passe devant moi, la peau ternie par la monotonie,

Leur dernier moment de complicité, c’était à l’époque de Platini.

On pourrait croire que je juge ces gens avec le plus grand des mépris :

C’est tout le contraire : au plus profond de moi, je les envie.

Je ne trouve aucun but même minime à mon existence actuelle

Et pourtant, il fut un temps où la vie me paraissait tellement belle.

Mes entrailles se consument de cette brusque prise de conscience,

Vite, un verre et une partie pour retomber dans ma somnolence.

@Mathieu_P, du site Meilleur-Casinotier.com

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